
Carmen
Chaque biographie est particulière et surprenante… rien ne me prédestinait en apparence à devenir professeure de Yoga. Mais avec le recul, je me rends compte que les prémisses sommeillaient en moi depuis mon plus jeune âge.
Je faisais déjà le chien tête en bas et d’autres postures dans la poussette parait-il…
Je n’ai jamais été une grande sportive, mais j’ai adoré faire des assouplissements, des étirements. A l’école on m’appelait la poupée de caoutchouc. Plus tard, j’ai fait de la danse classique et ce que je préférais était la « barre à terre ». Au fond de moi je cultivais l’espoir que le Yoga était l’activité physique qui allait vraiment me convenir, mais pendant longtemps j’ai donné priorité à ma carrière professionnelle et je n’ai pas pris le temps d’essayer.
En 2012, de passage à Atlanta pour 3 mois dans le cadre d’un projet professionnel, j’ai demandé à une collègue, pratiquante assidue de Bikram Yoga (ce qu’on appelle aujourd’hui le « Hot Yoga »), de m’emmener à un cours. Dès ce premier cours, j’ai su que c’était exactement ce qu’il me fallait. J’ai tout de suite pratiqué 3 fois par semaine et je me suis transformée très rapidement. En quelques semaines, j’ai perdu pas mal de poids, mes problèmes de santé se sont immédiatement améliorés, j’ai dit adieu à mes douleurs sciatiques et j’ai franchement rajeuni.
De retour en Europe, il était évident que j’allais continuer à aller aux cours et pratiquer plusieurs fois par semaine seule à la maison comme je le faisais à Atlanta. Dès le mois de septembre, le travail m’a emmenée à Prague et là, l’histoire était toute autre. Au lieu des 38° C d’Atlanta, on a eu la première neige en octobre et la différence de température entre dehors et la salle de Yoga surchauffée à 41°C était tout simplement trop pour mon organisme.
Avec ma collègue Tracey, nous nous sommes donc orientées vers une autre forme de Yoga et nous avons rencontré Petra Visser qui nous a donné pendant 6 mois des cours particuliers d’Ashtanga Yoga. Petra m’a immédiatement donné envie de pratiquer au quotidien. L’Ashtanga Yoga était comparable d’un point de vue posturale à la série de Bikram, mais pas dans une salle chauffée. J’ai donc vraiment trouvé mon compte. Quand j’ai quitté Prague en mars 2013 j’étais devenue une pratiquante autonome.
Je n’ai plus jamais quitté la pratique d’Ashtanga Yoga. Ni pendant les grands moments de stress professionnels, ni pendant les périodes de blessures qui m’ont permis de découvrir comment adapter la pratique pour accélérer la guérison. J’ai continué à prendre des cours un peu partout dans le monde, mais surtout à l’école de Yoga Mysore à Lyon avec Jenny Vanneufville et Pierre Baronian qui ont beaucoup influencé et consolidé ma pratique.
La porte d’entrée dans cet univers infini qu’est le Yoga était clairement la pratique des asanas pour moi. Je n’avais pas du tout cherché la spiritualité – bien au contraire – il n’aurait pas fallu m’en parler quand j’ai commencé à pratiquer. Sans l’avoir lu ou su avant, les choses se sont passées comme elles se passent naturellement. Après l’amélioration de ma santé physique et psychique, j’ai totalement perdu l’envie de consommer de la viande et je suis très rapidement devenue végétarienne. C’était juste une évidence. Et très vite, des expériences spirituelles se sont présentées, me reconnectant à une sensibilité que j’avais déjà très jeune mais je n’étais pas en mesure d’assumer pleinement à l’époque.
En 2015, j’ai découvert grâce à Pierre la Macrobiotique et c’était une pièce maitresse qui manquait jusque-là à ma vie et à ma pratique : la nourriture de la longue vie… Mon chemin a alors pris un tournant encore plus inattendu pour la dirigeante dans l’industrie que j’étais. Je n’ai pas pu sortir de ma première cure de 10 jours… je l’ai continuée pendant environ 9 mois ce qui m’a permis de me nettoyer et détoxifier en profondeur. J’ai arrêté de prendre le Levothyrox en 2017 (et je ne l’ai jamais repris depuis) et j’ai commencé à soigner ma thyroïde par l’homéopathie avec le soutien d’une nourriture de santé fondée sur les principes macrobiotiques.
Quand Pierre a ouvert la première session de formation de professeure de Yoga à Lyon en 2018 avec Annick Goueslain, j’avais très envie de suivre ce cursus sur trois ans sans savoir où il allait me mener. Mon objectif était donner encore plus de consistance à ma propre pratique et d’avoir les outils pour donner des cours ponctuellement à des amis qui me sollicitaient. J’étais loin de poursuivre le but de professionnalisation. Un des prérequis de la formation était de pouvoir se mettre en situation d’enseignement. Je remercie ici mes nombreux cobayes à Bouaye et à Boulogne-Billancourt de m’avoir fait confiance et de m’avoir donné envie de devenir une « prof de Yoga pour de vrai » !
Ces trois années de formation n’ont franchement pas été une sinécure, et ce n’était pas suffisant non plus… il y a tellement de choses à apprendre, à explorer, à méditer, à comprendre et à ne pas comprendre. Mais c’était une formation vraiment singulière, loin de tout endoctrinement et des recettes toutes faites. J’ai appris à observer, à explorer, à (m’)écouter et à accepter justement qu’on ne peut pas tout comprendre.
Je vois mon rôle dans cette vie comme une reliance, une connexion entre des groupes de personnes, entre des individus. Et c’est pour cela que j’adore la posture de Hanumanasana : faire un grand écart pour relier qui et loin de l’autre.